Les murs


Il y a les murs des maisons qui protègent
Et les maisons qui s’effondrent
Il y a les murs des prisons et les prisons de Franco
Avec la Justice d’hidalgo
Il  y a les murs de la tête et la tête contre les murs
Pour un mur d’injustices
Les murs des prisons comme aux grilles des maisons
Il y a la muraille de Chine et le mur d’Hadrien
Les limes de César et la ligne de démarcation
Comme aux quatre murs de la Maison au trois piliers
Le mur de béton d’Israël et le mur électronique de Trump
Les murs grillagés et les murs électriques
Comme aux palis des centres de détention
Comme aux clôtures  de fil barbelé des camps de rétention
Il y a le mur de la honte et le mur du silence
Le mur du son et le mur de la raison

Puis entre le mur et l’autre mur il y a les barrages
Le barrage qui alimente et le barrage de Fréjus
Les barrages de l’administration
Et entre chaque barrage il y a les barrières et les frontières
Les limites à ne pas dépasser
La barrière de la langue que l’on apprend
La barrière de la culture que l’on absorbe
Que l’on assimile ou qu’on rejette et qu’on vomit
Et entre chacune de ces barrières d’entre ces barrages d’entre ces murs
Il y a le cordon
Taillé au cordeau de la haie de troènes
Celui de la République
Celui de la cuisine en bleu
Celui du chèque en blanc
Celui du garde en rouge
Le cordon du grand chambellan et celui des sceaux de justice
Où sévissent les injustices fiscales avec son manque d’équité
Les inégalités  sociales avec son manque de solidarité
Les inégalités économiques avec son refus du partage
Les inégalités juridiques avec le pouvoir de négocier la liberté de mouvements.

A chacun de ces cordons sont suspendus les grelots de la peur et du frisson
Autour du cou des sans dents des sans toit des sans travail et des sans papier
Des sans ressources de fin de mois

Attaché au bout
Le gong lourd de l’Etat qui bat sa violence
Le vœu est à la soumission
L’attente est à l’esclavage des vilains et des serfs d’industrie
La volonté est à la docilité
Le cap est à l’oppression
Avec sa loi de sang versé
Toujours injuste car le droit de vivre est celui de l’amour.

Et entre les montagnes qui nous écrasent
Les barrages qui  nous asphyxient
Les barrières qui nous renient
Nous parquent
Les frontières qui nous enserrent les murs qui nous oppriment
Il y a la sourde source de la vie
Incompressible  manifeste  violente.

Plus elle est comprimée plus elle prend de puissance
Et au sang versé répond le sang jailli
Œil pour œil et dent pour dent
Infâme Talion de la survie
Vie pour vie.

Car d’entre tous les murs
Du mur des lamentations au mur des sourds
Le plus oppressif
Est celui du gouvernement
Qui incite les plus démunis
A porter le regard vers le tympan des églises
Où se dresse leur propre croix.

De la forteresse de l’Elysée au brouillard des cités
Des chaperons de Bercy aux corbeaux des Religions
Dans le bourbier des codes modelés
Sous le parpaing de la faim et le plâtre de la soif
La messe est de même charité
Jetez des miettes aux pioupious agglutinés aux carrés des parkings
Ou aux cerceaux des ronds-points
Pendant qu’engoncés en leur cloaque
Ergotent en cénacle les bourges du système.

Mesdames du Perchoir Messieurs les Amputés
Que reste-t-il avant d’atteindre le cœur
A toucher la peau en le traversant ?

Le gilet !

Le larbin de l’ultime protection
Avant la foudre le soleil ou la pluie
Et tout ce qui brille n’est pas ce qui reluit
Cela va si vite de glisser
Du feu de Bengale au feu de balles

Un contre pouvoir sans armée sans milice
Un contre pouvoir qui demeure dans le système
Sans argent et sans police
Ne peut que difficilement influencer le système en place
Et donc, voué à l’échec.
C’est pourquoi le recours à la violence est nécessaire
Et dans le passé de notre histoire cette violence
S’appelle
Au delà de la révolte inorganisée
Quand la lutte réfléchie se dote d’organes structurés
Auxquels adhère le peuple

Révolution

Et là, Gilet Jaune
Tu n’es pas encore dans le rouge.

Ne te reste en attendant que l’usure à la Du Guesclin
Par le mouvement le changement le harcèlement
La tactique de la surprise et de la mobilité
Pour faire craquer les coutures
Et tout en restant dans le système avoir gain de cause
Sans changer les assises de la Vème République.

Dans la rue
Les révoltes obéissent à la loi d’équilibre
Une fois tu gagnes une fois tu perds
Et l’un reprend ce qu’il a perdu
Comme au jeu de quilles
Où c’est la boule en Pouvoir qui reprend le dessus
Sur le coup précédent
A t’écraser sur la bourloire de la répression
Avant, Toi, de lui coincer les doigts pour les broyer sur le Boulevard
En retour
De la Revendication.

Le Gouvernement a ses lois.
La Rue a les siennes
Contre toute forme de monarchie
De droit auto-encensé divin ou républicain
La Rue est, un Contre-Pouvoir.

JP Payen
14/XII/2018



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